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Ce qui s'est vécu au monastère des Bénédictines du Mont des Oliviers à Jérusalem


Du temps pour Dieu

Prendre du temps pour Dieu, pour soi.

Voici nos propositions pour l'année 2022 :

- Une journée de halte spirituelle le 3 avril,

- une retraite-pèlerinage à Jerusalem du 18 au 28 juillet 2022

- une "escale monastique" - faire "escale" au cours de ses études, avant d'entrer dans la vie professionnelle, faire une pause de plusieurs mois pour approfondir sa foi, fonder sa vie sur le Christ

- Faire une halte d'une journée ou plusieurs jours, face à la Vieille Ville de Jérusalem, veiller avec le Crhist, se mettre à l'écoute de sa Parole, partager la vie de la communauté.

Contact sr Marie: srmarie.ndc@orange.fr
Tél 02 626 49 54

Pour venir au monastère :

Bus 275 gare des bus de la porte de Damas

Arrêt Djebel Zeitoun

Bus 84 depuis la station de tram

sauf vendredi et samedi

Arrêt Hôtel des 7 arches

 

 

 


Toussaint 2020

Bonjour,
Alors, cette année, la fête de La Toussaint a pris un goût très particulier. C’est un appel à prendre le chemin de la sainteté en fraternité, à partager nos trésors, à se soutenir dans la prière et l’espérance.

Je souhaite que cette petite vidéo vous apporte un peu de la paix de Jérusalem !

Je vous assure de ma prière, bien fraternellement,

Sœur Marie

 


Octobre 2020 : Fête des tentes

Bonjour, 

Après la vidéo sur Rosh Hashanah,
la fête du Nouvel an juif, qui ouvre les fêtes d’automne,
Voici une nouvelle vidéo sur la fête de Soukkot,
la fête des Tentes et la joie de la Torah : ‘Simhat Torah’
qui terminent ces fêtes d’automne. 

Ces fêtes durent 3 semaines.
Commencées dans l’austérité, avec un long temps de repentance (10 jours)
qui va de Rosh Hashanah à Yom Kippour, le jour du grand pardon,
elles s’ouvrent sur la joie de la fête des Tentes, Soukkot !

 Que cette joie puisée à la Source de la Parole habite nos cœurs,
une joie traverse toutes les angoisses suscitées par la pandémie !
Je vous assure de mon amitié et de ma prière depuis Jérusalem !

Sr Marie

Si vous êtes intéressés , inscrivez-vous à la lettre de Jerusalem ci dessous, pour recevoir ces vidéos.


septembre 2020 : Nouvel an à Jérusalem

Bonjour, 
Voici une 2ème vidéo pour vous partager la vie à Jérusalem au rythme des fêtes, tant juives que chrétiennes, des événements, des découvertes…

Si vous êtes intéressés , inscrivez-vous à la lettre de Jerusalem ci dessous, pour recevoir ces vidéos.

Bien fraternellement, en direct de Jérusalem, avec ma prière et la joie de rester ainsi en lien !

Sr Marie, à Jérusalem


15 Août 2020 : partage de Jérusalem

En ce samedi où nous fêtons l’Assomption de la Vierge Marie, une petite vidéo accompagne cette étape 6 de notre > parcours Laudato Si’.

Vivre à Jérusalem est l’occasion de découvrir l’Evangile sur le terrain, aussi je suis heureuse de vous emmener au ‘tombeau de la Vierge’. Là, cet après-midi, je lui demanderai son aide pour purifier notre regard comme nous y invite le Pape François,

Belle fête de l’Assomption, Sœur Marie


1er mars 2020 : Tentations de Jésus

Nous entrons en Carême heureuses d’accueillir pour cette 3ème halte des frères assomptionistes et des volontaires qui prennent goût à cette proposition bien rôdée maintenant, ainsi qu’un couple ami arrivé juste la veille de France :

J’ai atterri pour la première fois de ma vie en Israël samedi soir dernier. Fait du hasard (ou pas?) je découvrais Jérusalem au tout début du Carême, pour ce premier dimanche de carême. En quelques heures, les sœurs m’ont appris à partir de ce qu’on voit. Aisé de le faire au pays du Christ tant tout est là sous nos yeux, mais cela fait réfléchir à ce qu’on voit au quotidien et qui pourrait tout autant nous faire cheminer... 1er mars 2020, ici le froid nous mord, le vent nous gifle, le muezzin rejoint nos prières, une queue de juifs en deuil vêtus en noir sillonnent le cimetière sous le couvent. Bref, on est au cœur des monothéismes. Être ici un jour de Carême, c’est lire la Bible comme soeur Marie Paul disait : lire chaque mot en se demandant ce que l’on voit. Mais c’est aussi regarder le paysage autour de soi et se demander ce qu’on y lit. Dimanche soir, après ce premier jour sans même encore avoir mis un pied dans la vieille ville, j’ai réalisé qu’en quelques pas sur cette « crête », j’avais compris mille choses de ma foi. Et pour la première fois de ma vie, à la façon « bénédictine » - en laissant opérer les heures- j’ai écrit une prière que je relirai longtemps. 

Pour entrer dans le récit des Tentations de Jésus nous n’avons pas eu à marcher bien loin pour contempler le désert. Il nous a suffi d’aller derrière l’Hôpital Victoria. Sous nos yeux, abrités du vent, nous avons passé un bon moment à regarder au loin les Monts de Moab en Jordanie, avec le Mont Nébo, là où le livre du Deutéronome situe la mort de Moïse face à Jéricho (Dt 34), la vallée du Jourdain, la mer morte…

Les yeux remplis de ces paysages au retour notre regard s’est arrêté sur la ville de Jérusalem et l’esplanade.

Un long temps personnel avant les vêpres a permis à chacun d’inscrire ce qu’il voulait vivre durant ce temps privilégié du Carême.


5 janvier 2020 : Marcher à l’étoile !

2ème 'Dimanche autrement'. Il nous prépare à l'Épiphanie puisque à Jérusalem cette fête se célèbre toujours le 6 janvier ! Une dizaine de personnes sont là, de St Louis, de l’Ecce Homo, de la Maison d’Abraham… Sr Jean-Baptiste ouvre la journée en commentant l'Antienne de Magnificat des 2èmes Vêpres qui rassemble les trois manifestations, aux Mages, lors du Baptême et à Cana. Le Père Antoine Levy fait une belle homélie sur ce 2ème dimanche après Noël qui ‘aurait pu ne pas exister’ !

Après le repas partagé, l'office de None et le commentaire de l'Icône de la Nativité, le soleil permet d'aller découvrir la vue, derrière l’hôtel des 7 arches, et la géographie du début de l’Evangile de Matthieu : l’Orient d'où sont venus les Mages, au-delà de la Jordanie que nous apercevons, le désert de Judée et l'Hérodium qui nous indique la direction de Bethléem (l’Hérodium construit par Hérode, celui qui fit décapiter Jean- Baptiste et assassiner les enfants de Bethléem). Après un temps de lectio sur les deux premiers chapitres de Mathieu et un goûter-partage, nous allons sur la terrasse admirer le coucher du soleil et lire Isaïe 60… Lire la Parole en situation est une vraie grâce, les lieux deviennent paroles ! La journée se termine par les 1ères Vêpres de l’Epiphanie.


Homélie du Père Antoine Levy, 5 janvier 2020

Il y a des dimanches qui pourraient ne pas exister. Celui que nous célébrons aujourd’hui, le deuxième après Noel, passe souvent à la trappe. On fête l’épiphanie a sa place en bon nombre d’endroit. Je songe à tous ces temps dans notre existence qui ne sont pas programmes, a ce que l’on appelle parfois des contre-temps et je me réjouis parce que ce sont souvent les meilleurs. Rien ne presse puisque de toute manière on nous demande d’attendre. Tandis que la crèche est encore dressée, que les bergers s’en sont alles et que les mages ne sont pas encore arrivés, il nous est donne de veiller encore un peu près du nouveau-né si étonnant de paraitre si ordinaire. Et ce moment superflu, inutile ou gracieux, comme on voudra, est bien celui rêve pour songer à toutes ces choses auxquelles il ne nous viendrait pas à l’idée de songer en temps normal, tant elles semblent n’avoir aucun impact sur notre existence. Je veux bien sur parler des vérités les plus essentielles. Je veux parler de ce que la naissance de cet enfant nous dit sur notre origine, notre présent et notre avenir. Et il me semble que cette sagesse tient au lien fondamental, tout aussi mystérieux que lumineux, entre la naissance de cet enfant et la création de l’univers.

         Voyez ce que nous entendons par création, cette notion à laquelle le monde gréco-romain, philosophiquement si sophistique, était parfaitement étranger avant que la religion dite barbare des Juifs ne la lui révèle. Nous faisons bien la différence entre faire et créer. Il y a les créateurs de mode et ceux qui se contentent de produire les vêtements selon des modelés préconçus. Créer, cela veut introduire de la nouveauté dans le monde. Nul ne sait, y compris le créateur, d’où lui vient l’idée de ce qui n’a jamais encore exister ; c’est ainsi que depuis l’antiquité nous parlons d’inspiration pour designer ce qui nous échappe ici. Mais le mystère de cette nouveauté est un pâle reflet de celui que manifeste le premier verset de la Bible : בְּרֵאשִׁ֖ית בָּרָ֣א אלאים אֵ֥ת הַשָּׁמַ֖יִם וְאֵ֥ת הָאָֽרֶץ,

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.

 Il y a la nouveauté qui vient dans le monde et il y a la nouveauté du monde lui-même. C’est toujours à partir de quelque chose d’existant – des tissus, des modelés plus anciens – que la mode crée quelque chose qui n’existait pas. Dieu crée à partir de rien, ce qui signifie qu’il n’y a pas de point dont Dieu part lorsqu’Il crée puisque tout, y compris le point de départ de l’univers, procède de son acte de création. Il y eu un premier moment puisque Dieu créa l’univers - et cependant il n’y a pas eu de premier moment où Dieu créa puisque Dieu créa le premier moment. Tout comme les physiciens ne peuvent pas remonter jusqu’au premier instant de ce qu’ils appellent le Big Bang cosmique, et que plus ils s’en approchent, plus ils prennent la mesure de l’infinité qui les en séparent, il n’est pas donne à l’esprit humain pris dans le temps de concevoir intuitivement la naissance du temps. C’est l’une des explications que la tradition rabbinique donne au fait que le premier verset de la Torah commence par un bet, la seconde lettre de l’alphabet, et non par un aleph. La fermeture de la lettre bet en son commencement, à droite, figure à la fois le premier moment de l’univers et la limite ultime de notre entendement du monde. Et si la même lettre se termine, à gauche, par une sorte d’ouverture, c’est pour signifier qu’a partir de ce premier moment, l’univers s’étend et se développe sans limite assignable, tout comme notre compréhension de ce dernier.

 En un sens, la naissance de Jésus-Christ ne change rien au mystère de la Création, et cela est en soi un mystère extraordinaire, celui-là même que nous venons de célébrer à Noel. Que le Christ naisse comme tout homme venant dans le monde, cela veut dire que le Créateur lui-même consent à devenir part de sa création. Et toutefois et en même temps, la naissance du Christ dans le monde apporte avec elle une nouvelle compréhension de la Création.  Celui dont Jean-Baptiste annonce la venue défie en effet toute appréhension plate, chronologique, purement linéaire du monde : " C'est de lui que j'ai dit : Celui qui vient derrière moi, le voilà passé devant moi, parce qu'avant moi il était. " Certes, nous ne pouvons pas remonter au-delà du premier moment de la création puisqu’il n’y a littéralement rien en-deca de celui-ci. Et cependant, en ce nouveau-né que tout l’univers tient merveilleusement emmailloté, il nous est donne de contempler ce qui précède le premier moment de la création du monde. Car ce premier moment que nous contemplons du cœur du temps n’est lui-même rien de temporel ou de matériel. C’est vrai, la lettre bet qui ouvre le récit de la création dans la Bible n’est pas la première de l’alphabet, signifiant ainsi que, ou que nous soyons, nous sommes toujours-déjà dans le temps. Mais de l’intérieur du temps, nous pouvons contempler ce qui précède le temps. Ce que l’on traduit comme au commencement, en hébreu be-reshit, signifie aussi « dans le principe », littéralement « dans la tête, Rosh ». Or, comme l’explique le prologue de Jean, ce qui est au commencement du temps n’est pas lui-même dans le temps, Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, en hébreu בְּרֵאשִׁית הָיָה הַדָּבָר . Au commencement du temps, il y a le Verbe, « et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu ». Il était avec Dieu car il précédait la Création. Il ne la précédait pas comme un moment précède un autre moment ; il la précédait comme le tout précède la partie ou comme la décision précède l’action. Le premier moment de la Création est contenu dans l’éternité et il en procède comme de son principe, arche en grec, Rosh en hébreu, souverainement libre. Ainsi la sagesse dit-elle d’elle-même, au livre de Ben Sirac, « Avant les siècles, dès le commencement il m'a créée, éternellement je subsisterai”. “Avant les siècles”, littéralement "avant la durée » πρὸ τοῦ αἰῶνος, car le Verbe, la sagesse du Père précède tous les temps, « dès le commencement il m’a créée », ἀπ᾽ ἀρχῆς ἔκτισέν με, car celui qui procède du Père comme du principe est engendre et non point crée comme les choses temporelles, « éternellement je subsisterai », καὶ ἕως αἰῶνος οὐ μὴ ἐκλίπω, car la création demeure eue jamais blottie contre le Verbe comme un nouveau-né contre le sein de sa mère.  La Sagesse parle car elle est Verbe - mais elle obéit car elle est Fils. Celui qui est Verbe enfermant tout lieu ou celle qui est Sagesse illuminant tout homme venant dans le monde, reçoit de son Père mission d’accompagner un peuple et de faire resplendir une ville. La Sagesse ou le Verbe déclare dans le même passage de Ben Sirac : « c'est ainsi qu'en Sion je me suis établie,

 11 et que dans la cité bien-aimée j'ai trouvé mon repos, qu'en Jérusalem j'exerce mon pouvoir.”

12 Je me suis enracinée chez un peuple plein de gloire, dans le domaine du Seigneur, en son patrimoine”.

Aussi bien, lorsque les temps furent accomplis, le Fils obéit et le Verbe devint chair, chair de ce peuple même aux abords de cette ville qui est la sienne. Nos voici à contempler le « maintenant » éternel de cette nuit, et dans ce « maintenant » nous pouvons d’ores et déjà discerner toute la mission du Verbe parmi nous. Par un décret de la sagesse divine qui est un paradoxe inouï, il fallait que le Verbe naisse de ce peuple pour en être rejeté ; il fallait qu’il lie son existence a cette ville pour y mourir. Sans que nous sachions pourquoi, sans que nous comprenions comment, c’est notre salut comme celui de tous les disciples à venir du Christ qui se jouait en ce scandale paradoxal, en ce paradoxe scandaleux : « 1 Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas accueilli.

 Mais à tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu”.

Des lors, nous découvrons dans le « maintenant » éternel de cette nuit le « maintenant temporel » de notre existence. Si Dieu a pris chair d’Israël, c’est pour en être rejeté, et s’il en a été rejeté, c’est en sorte que tous, c’est-à-dire nous=mêmes, entrions dans l’héritage spirituel d’Israël qui nous est communique dans le Fils fait chair: 1” Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité” La naissance du Christ est le centre de la création mais nous en sommes le but, ici et maintenant, aussi insignifiants que nous soyons. Cette grâce que nous avons reçue et fait de nous des fils de Dieu, Dieu avait prévu de nous la communiquer de toute éternité en vertu de la naissance dans la chair de celui qui, à titre de Fils, reçoit éternellement toute gloire de son Père.  C’est bien ce que Paul déclare dans le passage de la Lettre aux Éphésiens que nous avons également entendu, “Dieu nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour, déterminant d'avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté”.

  Il est important de bien comprendre ce que Paul dit lorsque Paul affirme le Père a déterminé des avant la fondation du monde que nous deviendrons fils de Dieu προορίσας ἡμᾶς εἰς υἱοθεσίαν. La grâce de Dieu nous détermine certes, mais elle ne nous contraint pas. Elle détermine notre capacité de vouloir mais pas en lui imposant de vouloir ; au contraire, elle la détermine en lui redonnant sa pleine capacite de vouloir. Dieu a de toute éternité établie qua en son Fils, nous redeviendrions libres en ayant part à sa sainteté, et de toute éternité Il a voulu qu’en faisant bon usage de cette liberté, nous devenions saints comme Lui est saint.

Création. Dieu crée et rien ne préexiste à cette création. Rédemption. Dieu recrée et rien de ce qui a fait notre vie ou de ce qui fait la vie des autres ne saurait désormais nous dicter la manière de vivre notre vie. La sainteté que Dieu qui vient à nous du Père par l’intermédiaire du Fils, cette force qui nous recréée continuellement, est précisément ce qui nous oblige à ne pas nous sentir obliges de faire comme tout le monde. Il est vrai que, souvent, nos marges de manœuvre nous paraissent étroites. Et pourtant, et précisément, c’est là que Dieu nous attend. Des enfants qu’Il recrée en son Fils, le Père veut faire des créateurs comme Lui. Non pas nécessairement des créateurs de mode, mais en tout cas et chacun a sa mesure, des créateurs de vie.

      D’ici peu, la lumière du jour du Christ va se lever sur le monde. Nous célèbrerons demains l’épiphanie et, la semaine suivante, la théophanie au Jourdain. Mais dans ces derniers instants de la nuit de Noel, nous glanons suffisamment d’intelligence des commencements pour faire face à l’avenir, à ce que cette nouvelle année tient en réserve et nous manifestera peu à peu, jour après jour. L’enfant de Bethlehem nous indique le chemin de la Création, et, au milieu des embuches de toutes sortes, nous aurons besoin de toute la force d’amé, de toutes les ressources d’invention qu’il nous donne aujourd’hui pour le suivre. Voilà, ma foi, suffisamment de sagesse pour un dimanche qui aurait tout aussi bien pu ne pas être.

 


1er décembre 2019 : entrée en avent

pour ce 1er dimanche d’ Avent, nous organisons une halte spirituelle pour les volontaires et bénévoles de Jérusalem. Une dizaine de jeunes répondent à l’invitation.

Sr Jean-Baptiste nous met en route avec un enseignement sur ce temps liturgique, puis dans son homélie le Père Antoine Lévy, dominicain, développe le sens de ce temps nous faisant réfléchir sur nos attentes.

Qu’attendons-nous ? Est-ce vraiment le Christ qui est au centre de notre vie ?

Nous partageons ensuite le repas dans le jardin des hôtes sous un soleil magnifique.

L’après-midi, après un temps de contemplation devant l’icône de ??? sr Marie nous introduit au livret de l’Emmanuel d’Isaïe (7-11),  le prophète de l’Avent. Nous lisons quelques passages face à la cité de David que nous apercevons depuis la terrasse et la balconnette. Un temps personnel suivi d’un partage avant les vêpres clôturent cette journée qui aura permis à

plusieurs de se sentir renouvelés dans leur vie de foi


2 participants à la journée d’entrée en Avent, le dimanche 1er décembre.

 C’était une vraie joie de pouvoir vivre de cette manière l’entrée en Avent. J’ai beaucoup apprécié les temps d’enseignement, le fait de pouvoir aussi "peleriner‎"avec les textes et avoir un temps personnel.

  Merci de votre accueil dimanche, merci de tout ce que vous avez préparé pour nous, merci de nous avoir ouvert votre jardin. Quel privilège ! Grâce à vous, ce premier dimanche d'Avent était tout donné au Bon Dieu. Vivre une journée dans la paix de chez vous, cadre assez incroyable par sa situation, et en même temps dans la simplicité des échanges, du déroulement paisible de la journée, était une belle opportunité de remettre au centre l'Essentiel.


Homélie du Père Antoine Levy, premier dimanche d’Avent, 1er décembre 2019

Enfin le smartphone vint. Avant, on attendait : maintenant on n’attend plus. Ou plutôt on attend toujours, car il y a de fortes chances qu’on ait toujours à attendre, mais voilà que nous sommes à présent en possession d’un moyen imparable de la tromper, cette attente. Car l’attente, n’est-ce pas, c’est du temps a l’état pur, du temps dont on ne fait rien, donc et par définition du temps perdu. Et voila que le smartphone vient tromper cette attente qui, toute a sa malveillance naturelle, ne s’y attendait pas du tout : un coup de Pokémon go, une petite leçon d’hébreu ou d’arabe, un sms vite fait, et la voilà toute déconfite. L’autobus arrive, l’embarquement est immédiat, le docteur nous reçoit, et de notre attente il ne reste plus rien. Cependant, il nous arrive encore de nous demander entre deux sms si tromper notre attente nous réussit autant que cela. C’est un peu comme lorsque le même smartphone nous sert de boite a musique et que nous écoutons nos chansons préfères, écouteurs vissés sur les oreilles, en parcourant les rues de la ville. Certes, le chemin peut être ennuyeux parce qu’on ne connait que lui – mais même dans ce cas-là, qui sait ?  Qui sait, si au détour d’une rue trop familière, je ne manque pas, tout à ma musique, ce détail nouveau, cette péripétie imprévue qui, si je les avais remarques, m’eussent fait souvenir à jamais de cette journée promise à l’oubli ?  Qui sait si tout d’un coup, comme jaillie de nulle part ne me serait venue l’idée, l’intuition, la solution peut-être que je désespérais de trouver ou qui m’avait toujours cherchée sans même que je le sache ? D’où l’éloge des moments dits creux. A force de tromper nos attentes, il se peut que nous rejetions sans le vouloir ce qu’elles voudraient bien nous donner. Si jamais il était une occasion de réapprendre la vertu de l’attente, elle s’appellerait l’Avent. Car l’attente qui est celle de l’Avent est chose douce, belle et, en un mot, merveilleuse. Et pourtant me direz-vous. L’Evangile, en ce premier jour d’Avent, n’a rien de doux. Il parle de déluge, de jugement foudroyant et de ce Dieu dont le jour nous surprendra comme un voleur dans la nuit. L’évangile nous enjoint d’attendre, certes, mais comme on se tient sur ses gardes pour éviter un péril mortel prêt à surgir de tout coté et à quelque moment que ce soit.  Avant de me résoudre à décréter que la religion ne propose rien de beau sans l’assortir de quelques sourdes menaces, permettez-moi de réfléchir avec vous à cette attente assez particulière, je le concède, dont le Christ nous parle aujourd’hui.

              Tout d’abord, nous attendons Celui qui doit venir. Il y a une raison pour laquelle l’Avent nous invite à méditer à propos de la fin des temps. Attendre le Christ, c’est contempler ce quelque chose de fondamentalement inachevé qui est au cœur du temps. Que le temps coure, c’est l’évidence même, mais qu’il coure quelque part, cela est loin d’être admis par tout le monde. Dans certaines religions, le temps est du domaine de l’illusion, de la « maya » ; pour les Grecs, il était un cercle plus ou moins toujours recommence ; et pour nombre de nos contemporains, si le temps court quelque part, c’est à sa perte, comme un galet dont il ne restera plus que sable à force d’être usé par la mer. Mais ici les chrétiens, et avec eux tous les enfants d’Abraham, Juifs comme Musulmans, voient les choses différemment. Pour eux, le temps n’a pas seulement un point de naissance mais il a un terme qui est ensemble une tâche à accomplir et un rendez-vous qu’il ne faut pas manquer. Pour eux, cad pour nous, tous les hommes qu’ils le sachent ou non, attendent ce moment ultime, parce que cette attente est pour ainsi dire inscrite dans le code génétique du cosmos. Les Juifs usent du terme de rédemption pour désigner ce moment. Pour les chrétiens, ce moment a déjà commencé avec la naissance du Christ parmi les hommes, mais il demeure inaccompli jusqu’à son retour, si bien qu’on ne peut songer à la venue du Christ dans l’humilité de la chair sans songer à sa manifestation à venir dans la gloire. Et lorsque ce moment viendra, dit Isaïe, Jérusalem méritera enfin son nom, celle de ville dont le fondement est la paix. Toutes les nations afflueront vers la sainte Montagne, celle-là même où nous nous tenons. Certes, comme Jésus dans l’évangile, Isaïe parle de jugement. “Il jugera les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux ». Mais ce jugement même est ordonné à la paix, autant qu’il ne peut y avoir de miséricorde s’il n’est pas de justice :  “Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on n'apprendra plus à faire la guerre”. Notre attente, en Avent, se fond à celle de l’humanité, elle qui, consciemment ou non, de génération en génération depuis et à travers la nuit des temps, aspire à voir le jour de sa rédemption.

                       Secondement, nous attendons celui qui est déjà venu. Et cela change tout à la nature de notre attente. S’il y a un motif d’anxiété ici, il n’a rien à voir avec l’angoisse de devoir faire face à un Juge dont les poids et les mesures nous échapperaient. Nous avons connu le Christ. Cette connaissance intime va bien au-delà des textes canoniques et des enseignements de l’Eglise – c’est cette connaissance vivante, portée par la foi, qui fait de nous des chrétiens.  En fait, nous ne connaissons personne mieux que le Christ. Car il est l’homme en vérité, c’est-à-dire l’image et la ressemblance parfaite de Dieu. En ce sens, le Christ est plus nous-mêmes que nous-mêmes puisqu’il est nous-mêmes en vérité et que nous-mêmes sommes moins que nous-mêmes, à force de commettre ces petites et ces grandes trahisons qui nous éloignent quotidiennement de celui que nous sommes en vérité. Si donc il y a lieu d’être anxieux, ce n’est pas parce que nous ne connaissons pas le Christ mais parce que nous risquons fort d’oublier celui que nous connaissons si bien. Il se pourrait, de fait, qu’il nous surprenne comme un voleur, une fois devenu étranger en sa propre maison, lui dont le souvenir nous empêchait d’oublier d’importunes vérités. Lui que nous avons fini par chasser de nos existences parce qu’il nous semblait menacer d’occuper trop de place. Oh, cela se passe insidieusement le plus souvent, comme un lent engourdissement de notre élan vital à sa suite. C’est pourquoi les paroles de St Paul que nous avons entendues ce matin doivent retentir en nous avec force : « C'est l'heure désormais de vous arracher au sommeil ; le salut est maintenant plus près de nous qu'au temps où nous avons cru. La nuit est avancée. Le jour est arrivé. Laissons là les oeuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière”.

 (Rom. 13 :11-12 FBJ). Si notre attente est une veille, elle doit commencer par un réveil. Et ce réveil doit engendrer une veille, c’est-à-dire un retrait actif de ce qui, en nous, cause le voilement du souvenir du Christ : « point de ripailles ni d'orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies”. St Paul ne nous fait pas la morale. En énumérant ce qu’il y a lieu d’éviter, il entend préserver les chances d’une expérience privilégiée, en tout point extraordinaire. Ce qui m’amène à mon troisième point.

         Nous attendons celui qui viendra. Certes, la venue du Christ dans notre existence ne dépend pas de notre attente. Que nous le voulions ou non, que nous l’attendions ou pas, il finira par venir à un moment donné, un moment, pour un certain nombre de nos frères et de nos sœurs humaines, qui se confond souvent avec le dernier qu’ils connaitront sur cette terre. Mais qu’il vienne maintenant ou plus tard, le Christ viendra toujours comme un voleur. D’abord parce que ce moment est par définition inattendu : un voleur ne prévient pas du moment de son effraction ceux qu’il vient détrousser. Et ensuite parce que, tel un voleur, le Christ finira par venir nous prendre tout, tout ce que nous aurons cru posséder en cette existence, jusqu’à notre dernier sou. Non qu’il soit âpre au gain mal acquis, mais parce qu’il n’est rien que nous possédons qui ne vienne originellement de Dieu et ne doive Lui être ultimement restitué. Et cependant, et à nouveau, le fait d’attendre le Christ change tout à la nature de sa venue. Nous attendons notre voleur comme on attend le Messie. Nous nous laissons habiter par le creux du temps comme MoÏse blotti au creux du rocher, attendant que Dieu passe. Au lieu de la fuir, nous plongeons dans cette nuit qui, en cette saison, enveloppe toujours plus cette terre sur laquelle nous nous trouvons.  Quant à l’agitation de ce monde qui, jadis, n’a pas ou mal accueilli son Messie, de ce monde qui continue à faire mine de l’ignorer, quant à tout ce bruit qui couvre aisément les quelques pitoyables flonflons de Noël alentour, nous laissons le silence d’une chapelle les engloutir. Nous voulons voir cette nuit et nous voulons écouter ce silence. Sans cela, nous ne pourrons jamais percevoir la merveille des merveilles, à savoir que cette nuit est toute remplie de sa lumière et ce silence tout bruissant de sa parole. Il faut faire silence pour entendre les pas de celui qui vient. Il faut s’arrêter pour aller à sa rencontre. C’est ainsi qu’au moment voulu, comme un voleur, il viendra. Et sa venue nous surprendra, comme celle d’un voleur, non parce que nous ne l’aurons pas attendue mais parce qu’elle dépassera toutes nos attentes.

         Nous attendons celui qui doit venir. Nous attendons celui qui est déjà venu. Nous attendons celui qui viendra. Si nous attendons ainsi, nous n’avons rien à craindre du divin voleur. L’inattendu, nous l’attendons. Et nous n’avons besoin de rien autre chose pour redécouvrir le bonheur d’attendre.

 


Sœur Marie-Paul, la découverte d’un don et d’une mission

Sœur Marie-Paul est née le 10 novembre 1930 au Caire, en Égypte, d’une famille de souche italienne. Elle décide de consacrer sa vie au seigneur et à la suite d’un pèlerinage en Terre Sainte, en 1953, elle entre au monastère du Mont des Oliviers le 14 novembre 1955. Le 25 janvier 1961, elle fait son offrande pour l'Unité et fait profession solennelle en la fête de l'Assomption, le 15 août de la même année.

 

En 1960, le frère Henry Corta, petit frère de Jésus et iconographe, demandant à faire un séjour prolongé au monastère propose, en échange, d’initier les sœurs à l'iconographie. Sœur Marie Paul fait partie des sœurs désignées pour suivre les cours. Frère Henry leur apprend non seulement la technique des icônes mais le sens de chaque étape en lien avec les Écritures, qu’il a découvert à partir des manuscrits grecs des archives de Paris.

Un jour, elle a une ‘révélation’ : elle qui se demandait ce qu'est le silence en Dieu dont parlaient les Pères du désert, réalise ceci : « Écrire une icône me met en Dieu ; lorsque j’écris Dieu, je suis en Dieu au-delà de tout concept humain. J’ai enfin trouvé le silence en Dieu ». Elle en conclut que si le Seigneur s’est dérangé pour répondre à sa question du silence à travers l’icône, c’est qu’il voulait vraiment cela d’elle : c’était une vraie mission.

Bientôt les commandes affluent, pour des foyers de charité, des familles, des églises, des universités. Des catholiques, des grecs melkites, des syriens catholiques, des protestants, des juifs et même des musulmans lui demandent de créer des icônes. Un véritable atelier est mis en place : les sœurs de la communauté font les premières étapes et sœur Marie Paul les dernières. Ses icônes se trouvent partout dans le monde : en France, bien sûr et en Terre Sainte, mais aussi en Europe, aux États Unis, au Canada, en Australie, en Algérie à Tibhirine et même en Chine et en Corée. Parmi les icônes les plus célèbres on trouve la Sainte Famille, le Christ et Saint Jean, les pèlerins d'Emmaüs. Sœur Marie-Paul participe ainsi à sa manière à la nouvelle évangélisation. Aux très nombreux groupes et pèlerins qui viennent la rencontrer, sœur Marie-Paul partage ses lumières sur l'Écriture à travers le message des icônes. « l’Icône, c’est toi », c’est le message qu’elle laisse à la fin du beau DVD sur son œuvre.  « De silence et lumière » : Un livre d’entretiens avec Sr Marie-Paul doit paraître aux éditions Parole et Silence, en février 2020.

Soeur Marie Paul - messe action de grace

 

 


Sœur Paula, une vie bouleversée

Sœur Paula est née en 1929, sous le nom de Rachel, fille de parents juifs aisés, dans la ville de Łomża en Pologne. Elle fuit le ghetto en novembre 1942 et se cache dans la forêt. C’est là, le 6 janvier 1943, qu’elle ‘rencontre le Christ’. Elle raconte : ‘ j’étais avec une amie et il y avait de la neige poudreuse et c’était le jour de l’Epiphanie et il y avait des chasseurs polonais qui nous ont vues sur le chemin ; j’avais un manteau de riches, alors ils ont compris que nous étions juives et ils ont commencé à jeter des boules de neige sur nous. J’ai regardé le chemin devant nous et j’ai vu une chapelle et une croix et j’ai dit à mon amie : « Si nous nous accroupissons ils penseront que nous sommes chrétiennes ; » ça a été un miracle pour nous parce qu’ils ont arrêté immédiatement. J’ai vu sur la croix quelqu’un qui souffrait comme moi. Je ne suis pas capable de dire ce qui s’est passé. C’est difficile à décrire. « Tu es juif » j’ai dit, « tu souffres et nous aussi ! Toi aussi tu vis – et tu vas me sauver !!! » A ce moment même nous avons été sauvées ; après cela j’ai passé deux mois dans un garde-manger avec des pommes de terre et j’ai prié Dieu « Tu sais que je ne veux pas devenir chrétienne – ils sont méchants ! mais si je sors d’ici… alors… tu me garderas ! » … « J’ai survécu mais je voulais mourir ! Je ne voulais pas dire que je suis juive, je suis passée d’une maison à une autre en disant que je suis orpheline. Je me suis inventée un nouveau nom et finalement il y a eu une famille qui a bien voulu me prendre. J’ai vécu chez une famille allemande, je prétendais être une orpheline polonaise et j’étais obligée d’aller à l’église, de célébrer les fêtes, d’aller à la confession… pour garder le bébé de la famille, nous y allions à tour de rôle : une fois c’était la mère qui allait à l’église et l’autre fois c’était moi. Ils avaient une fille âgée de 12 ans qui est devenue mon amie et à la fin je lui ai avouée que j’étais juive et que je voulais me faire baptiser, alors elle m’a montré ce qu’il fallait faire à l’église et m’a présentée au prêtre et je lui ai raconté et il n’a pas voulu me croire que je suis juive, à cause de mon visage slave. A la fin il a parlé avec la famille et il m’a baptisé. » Elle entre en 1945 au couvent bénédictin de sa ville. En 1974, elle se rend en Israël et arrive au monastère du Mont des Oliviers pour vivre la vie bénédictine sur la terre du Christ et prier pour son peuple. Le pèlerin ou l’hôte arrivant à la porterie ou à l’hôtellerie se souvient de sa façon d’accueillir, de son attention à chacun. Elle était restée profondément juive.

Soeur Paula

Soeur Paula (1929-2019) , qui était Rachel, fille de Faygué et Simha,

est morte samedi dans sa chambre au couvent bénédictin sur le Mont des Oliviers.

 

 

Paula, une femme de petite stature, énergique et souriante, aux yeux bleus et avec un visage qui ne trahissait pas son âge. Samedi dernier, lorsqu’elle a rendu son âme au Seigneur, elle était proche de son 90e anniversaire. Tous ceux qui l’ont connue et aimée sont unanimes qu’elle alliait la pureté avec une bonté sans bornes. Elle était de ces rares personnes de ce monde auxquelles personne n’en n’a jamais voulu ou n’a ressenti ne serait-ce que le moindre sentiment négatif envers elle. De plus, il me semble aussi que tous ceux qui l’ont connue sont bien d’accord là-dessus : cela faisait longtemps déjà qu’elle voulait fermer les yeux et quitter ce monde et aller vers d’autres cieux. Sœur Paula, Rachel fille de Faygué et Simha, toujours souriante et pleine de bonté, avait en elle un abysse de tristesse. La nostalgie de sa famille juive disparue au cours de cette terrible guerre sur le continent chrétien, a pris fin cette semaine avec son enterrement au couvent du Mont des Oliviers qui surplombe la capitale d’Israël, Jérusalem.

Sœur Paula Couvent des Bénédictines au Mont des Oliviers' Dimanche des Rameaux

L’histoire de Rachel, fille de Faygué

Sœur Paula est née en 1929, sous le nom de Rachel, fille de parents juifs aisés, dans la ville de Lomza (Łomża). La mère, Faygué, est morte peu de temps après sa naissance et le père, Simha, s’est remarié avec une femme gentille et maternelle dans son rapport avec Rachel/ Paula. Quelques années plus tard est né son petit frère – Yitzhak. En septembre 1939 les Nazis sont arrivés en Pologne et à l’époque où il y avait encore de la coopération entre la Russie et l’Allemagne, le père de Paula (qui avait maintenant dix ans) a été enrôlé de force dans l’armée russe, où il fut blessé. Sa femme eut l’occasion de le visiter à deux reprises à l’hôpital, mais une fois que les Allemands eurent abandonné l’alliance avec les Russes, il semblerait que les Nazis l’ont tué, car à la troisième visite de sa femme à l’hôpital, il n‘était plus là.

La prochaine phase fut le ghetto : Paula, sa mère et son petit frère s’entassèrent dans une petite pièce avec des membres de leur famille – où ils vécurent pendant environ un an.

« Au début les Nazis ont pris l’argent et les objets précieux des Juifs et lorsqu’il ne resta plus rien à prendre – ils ont commencé à prendre les Juifs au « travail », alors qu’en fait ils les emmenaient dans la forêt pour les tuer, selon l’histoire du cousin germain ».

Comment l’as-tu su ?

« Un jour j’ai grimpé sur le portail du ghetto et j’ai observé comment on emmenait les vieux et après ça les enfants, mais je n’imaginais pas encore à l’époque qu’on les menait à leur mort ».

Lorsque fut organisée une fuite hors du ghetto avec l’aide de « bons Polonais», elle fut attrapée par la Gestapo et interrogée :

« où avais-je l’intention de me rendre? Et j’ai dit que je ne savais rien. Quand ils m’ont arrêtée j’étais sûre qu’ils allaient me tuer, mais ils m’ont ramenée au ghetto. J’y ai passé encore deux jours ou trois et alors la famille polonaise qui nous assistait nous a fait signe qu’on pouvait sortir et elle nous a aidé à aller dans la forêt – toute la famille. Il faisait froid et il y avait une neige polonaise de deux mètres de hauteur. Les Polonais nous ont aidés pour faire du feu et avec la nourriture. Nous avons été dans la forêt jusqu’au moment où on nous a averti qu’il allait y avoir une rafle et qu’il fallait absolument prendre la fuite, chacun dans une autre direction. Pour chaque Juif que l’on remettait aux autorités on recevait trois kilos de sucre ou une pension alimentaire ».

Voilà les faits de novembre 1942 jusqu’au 6 janvier 1943.

Une jeune fille de 14 ans entre la mort et la statue de Jésus
 

« Le 6.1.1943 j’étais avec une amie et il y avait de la neige poudreuse et c’était le jour de l’Epiphanie et il y avait des chasseurs polonais qui nous ont vues sur le chemin ; j’avais un manteau de riches, alors ils ont compris que nous étions juives et ils ont commencé à jeter des boules de neiges sur nous. J’ai regardé le chemin devant nous et j’ai vu une chapelle et une croix et j’ai dit à mon amie : « Si nous nous accroupissons ils penseront que nous sommes chrétiennes. » Ca a été un miracle pour nous parce qu’ils ont arrêté immédiatement. J’ai vu sur la croix quelqu’un qui souffrait. Comme moi. Je ne suis pas capable de dire ce qui s’est passé. C’est difficile à décrire. « Tu es juif » j’ai dit , « tu souffres et nous aussi ! Toi aussi tu vis – et tu vas me sauver !!! » A ce moment même nous avons été sauvées ; après cela j’ai passé deux mois dans un garde-manger avec des pommes de terre et j’ai prié à Dieu « Tu sais que je ne veux pas devenir chrétienne – ils sont méchants ! mais si je sors d’ici… alors… tu me garderas ! » Mon amie, Sarah, qui «était avec moi, ne s’est pas convertie et elle vit aujourd’hui en Australie. »

Elles décidèrent de se séparer et de suivre chacune son chemin. 20 ans plus tard Sarah a renouvelé le contact.

« J’ai survécu mais je voulais mourir ! Je ne voulais pas dire que je suis juive, je suis passée d’une maison à une autre en disant que je suis orpheline. Je me suis inventée un nouveau nom et finalement il y a eu une famille qui a bien voulu me prendre. J’ai vécu chez une famille allemande, je prétendais être une orpheline polonaise et j’étais obligée d’aller à l’église, de célébrer les fêtes, d’aller à la confession… pour garder le bébé de la famille, nous y allions à tour de rôle : une fois c’était la mère qui allait à l’église et l’autre fois c’était moi. Ils avaient une fille âgée de 12 ans qui est devenue mon amie et à la fin je lui ai avouée que j’étais juive et que je voulais me faire baptiser, alors elle m’a montré ce qu’il fallait faire à l’église et m’a présentée au prêtre et je lui ai raconté et il n’a pas voulu me croire que je suis juive, à cause de mon visage slave. A la fin il a parlé avec la famille et il m’a baptisé. »

Prière du Kaddish

Au couvent

“En 1945 je suis entrée au couvent bénédictin dans lequel je travaillais en tant que volontaire, et le couvent a refusé de me recevoir comme nonne. C’est là que des proches m’ont trouvée en 1949 après des années de recherches, mais je ne voulais pas qu’ils me trouvent. Je voulais qu’ils me croient morte. Quand ils m’ont trouvée j’ai dû leur écrire une lettre et la signer pour leur expliquer que je désirais vivre au couvent et que je ne voulais pas le quitter. C’est alors que le couvent a décidé de me recevoir en tant que nonne. Environ trente ans plus tard (1974) le couvent m’a donné la permission de sortir du couvent pour trois mois, j’ai obtenu un visa à Rome pour me rendre en Israël. A la suite de Frère Daniel (un juif polonais qui a été sauvé en Pologne, qui lui aussi est devenu un moine et est allé vivre à Haifa), avec lequel j’étais en contact par courrier, je suis arrivée à Haifa mais je n’ai pas pu rester là et je ne voulais pas vivre dans la communauté mais dans un couvent, comme en Pologne. J’ai fait une demande de prolongation de mon absence à mon couvent en Pologne et finalement je suis arrivée au couvent sur le Mont des Oliviers. Là m’attendait une vie difficile : il y faisait plus froid et la pauvreté y était plus grande. Mais la vie dans l’ordre bénédictin c’est comme la vie des juifs : des prières et des règles.

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Aux sources du monachisme palestinien

Du 11 au 17 mars la communauté vit son temps de retraite. C’est le Pasteur Daniel Attinger de la fraternité de Bose à Jérusalem qui nous mène à la découverte des sources du monachisme palestinien.

Quelques figures nous sont devenues familières et vivantes au cours de cette semaine.

Chariton venu de Turquie et s’installant très vite dans une grotte près de Anatot dans le Wadi Pharan, initiateur des Laures, cette forme spécifique du monachisme palestinien, les moines vivant en ermite dans les grottes le long du Wadi et menant la vie commune les samedis et dimanches.

Les disciples affluent. Chariton établit un autre monastère à Douka face à Jéricho à mi pente du Mont de la Quarantaine. Quelques moines y vivent encore aujourd’hui et un autre à Souka non loin de l’Hérodium

Que recommande-t-il à ses moines ? « Conservez ferme et inébranlable la Foi en Dieu. Poursuivez la paix et la béatitude qui lui est associée. Lavez les pieds des saints qui viennent vous visiter. »

Nous avons eu la grande chance d’aller en pèlerinage à cet ermitage avec Yisca, amie israélienne, connaissant parfaitement les coins et recoins du désert de Juda.

Quelques décennies plus tard c’est Saint Sabbas qui arrive de Cappadoce au Mont Sion en 456 et se rend près d’Euthyme dans le désert de Judée. Celui-ci le juge trop jeune pour mener la vie érémitique et l’envoie au cénobium de Théoctiste. Très vite Sabbas surpasse en vertu les autres moines et cherche dans le désert un lieu pour s’y cacher découvert par une vision. Les disciples augmentent rapidement, le patriarche de Jérusalem l’ordonnera prêtre et le confirmera dans la charge d’higoumène.  Avec Saint Théodose, fondateur d’un monastère de cénobites ils auront une grande influence au cours des querelles doctrinales du Concile de Chalcédoine divisant l’Église du Moyen Orient. La pétition des moines à l’empereur est toujours d’actualité. « Si c’est au nom de la Foi qu’on suscite tous ces troubles contre la Sainte Cité de Dieu, Jérusalem, où les habitants touchent de leurs mains la vérité chaque jour par le moyen des lieux vénérables où s’est accompli le mystère de l’Incarnation, comment nous les hiérosolymitains après 500 ans et plus que le Christ nous a visités, apprenons-nous la Foi ? »

Moines au désert mais soucieux de garder la Foi et de soutenir le clergé de l’Église locale, quel appel pour les moines d’aujourd’hui. La laure de Saint Sabbas est la seule qui n’a cessé d’être habitée par les moines jusqu’à ce jour.

Un siècle plus tard, Saint Georges de Kosiba vient de Chypre : il a 18 ans et s’est enfui de sa famille pour éviter le mariage ; il retrouve son frère moine qui le mène au monastère de la Mère de Dieu dans le Wadi Kelt. Par sa douceur et son humanité auprès des autres moines il se fait aimer et trouve grâce lors de l’invasion des Perses… Alors que ceux-ci massacraient les moines, émus de pitié devant la douceur de Georges, ils lui ont remis une outre d’eau, le laissant gagner la ville de Jérusalem. 

A la fin des troubles, Georges redeviendra moine au monastère qui prendra son nom, et qui existe encore aujourd’hui. C’est le seul lieu orthodoxe où l’on accueille les femmes à l’intérieur à la suite d’un miracle de guérison d’une femme ayant passé la nuit dans la sacristie.

On ne peut qu’évoquer les reclus de Gaza, Barsanuphe et Jean, qui nous ont légué toute leur correspondance, joyau du charisme de paternité spirituelle tout imprégnée de miséricordieuse tendresse et d’humanité en même temps que d’exigence pour éduquer à la liberté intérieure.

Dorothée de Gaza est célèbre par ses Enseignements spirituels qui nourrissent encore les générations de moines aujourd’hui alors que les monastères ont disparu peu après 634.

Mais il n’y a pas que des moines à l’origine sur ce Mont des Oliviers. Nous sommes aussi héritières de belles figures féminines. Mélanie l’Ancienne, noble romaine arrivant en Terre Sainte après un séjour en Égypte, fonde un monastère au Mont des Oliviers. Sa réputation est telle qu’elle accueillera ou conseillera Rufin, Évagre le Pontique, Pallade orientant ces derniers vers le désert égyptien. Sa petite fille Mélanie la Jeune fonde elle aussi deux monastères au Mont des Oliviers afin que la louange soit ininterrompue au Lieu où Jésus enseigna la prière. Près de la crèche à Bethléem, les moniales Paula et Eustochium travailleront avec Saint Jérôme à scruter et traduire la Bible.

Et enfin les ermites Sainte Marie l’Égyptienne encore vénérée en ce jour par les orthodoxes le 5e dimanche de Carême et Sainte Pélagie vivant en recluse près du lieu de l’Ascension, qui après une vie de débauche, se convertissent et parviennent à la sainteté par leur ascèse et leur pénitence. Précédées d’une telle nuée de témoins nous avançons en suivant leur trace avec persévérance pour tacher de trouver le Christ et nous laisser transfigurer par Lui.


Les surprises de la vie quotidienne

Dans les 10 minutes suivant son appel téléphonique, visite de Monseigneur Michel Sabbah, notre Patriarche émérite.

Mercredi de Pâques 7 avril le téléphone sonne. Allo ! Puis-je venir vous voir, je suis là dans 10 minutes. Branle-bas de combat dans toute la maison pour prévenir les sœurs. Où va-t-on le recevoir ? Il ne fait pas très chaud sur la terrasse notre lieu de prédilection pour de telles rencontres ! Et il faut tenir compte de nos anciennes qui ont du mal à se déplacer, donc on choisit le parloir. La joie rayonne sur tous les visages à l’arrivée de notre patriarche émérite. Très simplement il nous partage sa vie à l’âge de la retraite : 3 jours à Jérusalem chez nos voisines Brigittines au bas du Mont des Oliviers – 3 jours à Taybey dans la paroisse d’Abu Raed (son chancelier) et les différents voyages en Europe où il est demandé pour informer sur le sort des chrétiens du pays. Il nous explique ensuite la tradition du « Feu Sacré » qui le Samedi Saint est allumé à l’intérieur du Saint Sépulcre pour se répandre dans toutes les églises tant latines qu’orthodoxes puisque des avions spéciaux sont affrétés pour apporter le Feu Nouveau jusqu’en Grèce et à Moscou. Il évoque la réflexion en cours dans les paroisses pour la préparation du Synode des Églises du Moyen Orient qui aura lieu à Rome en octobre prochain, soulignant le travail de commission à mettre en œuvre pour que les communautés progressent dans le partage des biens et parviennent à reproduire l’image de la 1re communauté chrétienne de Jérusalem où tout était mis en commun. En recevant sa Bénédiction nous remercions Monseigneur pour cette véritable « apparition » et nous l’assurons de notre prière. Qui sait si la prochaine fois ce ne sera pas un appel du patriarcat nous annonçant la visite attendue de Monseigneur Twal ?


17 août 2009 : rencontre avec Emile Moatti

Les amis de nos amis sont nos amis… Grâce à notre amie, Anne-Marie Viry, nous faisons la connaissance d’Emile Moatti, un homme plein de convictions et qui respire la bonté.

Une expérience primordiale de fraternité

Né dans une famille juive d’Algérie, autrefois en Andalousie, Emile Moatti expérimente avec bonheur une vie où musulmans, chrétiens et juifs vivent en bonne intelligence grâce à un fort climat de vie spirituelle. 

Venu à Paris pour ses études puis son travail, il apprend à faire silence sur sa religion, puis devient assez vite un bon français moyen, laïc, oublieux… En 1959, son travail le conduit en URSS. Profondément marqué par les persécutions contre les croyants, il décide une visite en Israël. C’est une découverte qui change sa vie : ’Jérusalem parle au cœur de chacun’. En 1962, le rapatriement des français d’Algérie le met en contact avec des juifs religieux et il constate que les ‘pratiquants’ sont mieux plantés dans la vie et plus résistants au malheur. 

Avec Vatican II et la Constitution ‘Nostra Aetate, une ouverture vers l’Eglise catholique permet la création de la Fraternité d’Abraham avec André Chouraqui, le Père Riquet, Boubkeur (recteur de la mosqué de Paris).

La rencontre d’Assise

En 1986, décrétée Année de la Paix par l’ONU, Jean-Paul II a l’initiative de la réunion d’Assise. Emile, sans doute grâce à son amitié avec le Cardinal Decourtray, est invité par le Vatican pour y représenter la Fraternité. Expérience forte qui coïncide avec celle de Kippour et de Sukkot : pardon, réconciliation, jeûne, prière, actes de charité. Pour lui, c’est cela qu’il faut développer, internationaliser, pour arriver à une communion universelle.

Après 40 ans, le voilà revenu ‘en Terre Promise’. Mais le Seigneur lui a dit : ‘Tu ne reviens pas tout seul’.

La grande question

Comment créer des liens entre les communautés de telle sorte que chacun se sente frère de tous les autres ? Il porte une conviction : seule la foi en Dieu peut rassembler. Car ce ne sont pas tant les religions qui sont coupables de violence, que l’orgueil et l’autosatisfaction des hommes.

‘Tout homme qui travaille pour la justice et pratique la miséricorde, même l’eunuque, même l’étranger, je les comblerai…’ (cf. Is 56). 

Pour finir : un proverbe touareg :

Un homme aperçoit de loin une ombre. ‘C’est un ennemi’, pense-t-il. Mais à regarder plus attentivement, il voit que l’homme a son fusil en bandoulière. ‘Ce doit être un étranger’. Et voici que l’homme s’approche et l’invite à partager son repas. ‘C’est un ami’, se dit-il. Une fois le pain rompu, il conclut : ‘je pensais que c’était un ami, c’est même un frère’.


Une vague de jeunes déferle sur le Pays

En juillet 2009, ils sont 1800 étudiants de France à venir en pèlerinage en Terre Sainte. Leur programme rappelle les JMJ de Paris : séjour dans les familles, grands rassemblements, catéchèse des évêques, triduum pascal vécu sur les Lieux Saints… 

Certains diocèses nous avaient contacté à l’avance pour réserver un temps de prière. Paris aurait voulu célébrer dans le jardin par groupe de 50, mais nous avions refusé, leur proposant de célébrer la Sainte Cène avec le Cardinal Vingt-Trois en notre église, où 200 jeunes pouvaient se tenir. Mais voici que ce jour-là, le Cardinal Barbarin téléphone lui-même à Mère Prieure, deux heures avant l’arrivée des jeunes parisiens, suppliant que nous lui ouvrions le jardin avec ses 100 jeunes ! Nous avions refusé à Paris, pouvions nous accéder à la demande du Primat des Gaules ? Il prétextait l’impossibilité de prier à Dominus Flevit à cause de l’afflux des pèlerins…  Nous avons accepté, et ce fut un chassé-croisé entre Paris et Lyon dans les portes du Monastère.

Les jeunes de Paris logeant à côté de chez nous, nous avons eu l’occasion de les accueillir plusieurs fois pour un temps de réflexion ou de prière.  Et le bouche à oreille ayant dû marcher, les jeunes de Bourges et de Tours sont venus faire connaissance avec le monastère et Monseigneur Maillard commandera une mitre comme une relique de ce pèlerinage. Bref ! occasion de belles rencontres fort sympathiques…

 
 

KTO au monastère

Vidéo réalisée au Monastère par KTO à l'ocassion de la visite du Pape Benoît XVI.


Rencontre avec le Pape Benoît XVI lors de la célébration à la Concathédrale le mardi 12 mai 2009

Invitée par le Pape !

Quelque temps avant la venue de Benoît XVI à Jérusalem, Mère Prieure reçoit un coup de téléphone du Patriarcat : ’Le Pape désire que les soeurs âgées puissent venir à la Concathédrale ; si vous avez des soeurs en fauteuil roulant, nous pourrons venir les chercher’. Quand on annonce à soeur Marie du Calvaire, 97 ans, qu’elle est invitée par le Pape, elle s’exclame : ’Cela vaut la peine de vieillir !’ Chaque matin, elle se prépare à ’voir le Pape’, et enfin le jour J arrive.

On ne passe pas

Ce Mardi 12 mai, une voiture vient vers 9 h 1/4. Une soeur de Mater Misericordiae et sa Supérieure, qui l’accompagne, sont déjà installées. Le chauffeur essaie de prendre la route qui conduit à Gethsémani. Nous arrivons à un premier barrage : nous montrons cartes d’invitations et passeports et nous pouvons passer. Au croisement suivant, deuxième barrage : même scénario, mais cette fois-ci, le policier est intraitable : on ne passe pas. En faisant un grand détour, nous arrivons à la Mairie, mais impossible de tourner vers la Porte de Jaffa : le Pape doit passer, les routes sont fermées. Nous décidons de tenter notre chance à pieds, en poussant les fauteuils. Des policiers jalonnent la route tous les 10 mètres ! Certains nous aident quand la pente est trop rude. Sr Marie du Calvaire distribue des ’Shoukran’ à qui mieux mieux (’merci’ en arabe). On nous fait attendre avant de pouvoir traverser la route, et nous arrivons avec une demi-heure de retard au Patriarcat.

Au premier rang

Là, tout de suite, on nous prend en charge et l’on conduit sr Marie du Calvaire au premier rang, devant le siège du Pape. J’en ris de bonheur pour elle. Moi, j’ai moins de chance… et me retrouve sur le côté, devant un énorme pilier ! Les autres soeurs de la communauté sont déjà là. Le temps passe assez vite à regarder les gens, à répéter les chants et à prier. Enfin, la porte s’ouvre. Je quitte mon pilier.

Je vous donne ma bénédiction

La chorale entonne ’Christus vincit’ et le Pape fait son entrée ! Mgr Fouad Twal présente les communautés de son diocèse ; le Pape répond par une allocution très brève où il dit qu’il compte tout particulièrement sur notre prière, puis il conclut : ’Et maintenant, je vous donne ma bénédiction’. C’est déjà fini ! Viva el Baba !

Benoît XVI descend les marches du sanctuaire et au lieu de prendre l’allée, se tourne vers les soeurs en fauteuil roulant. La première est soeur Marie du Calvaire. ’Je lui ai dit que je ne pouvais pas me lever, racontera-t-elle. Il s’est penché vers moi, et je l’ai embrassé sur la joue !’ Les journalistes accourrent. Le Pape se tourne ves les trois autres religieuses et reprend l’allée en continuant de saluer.


Nous retrouvons notre chauffeur qui nous ramene au monastère et déjà règne dans notre cœur une joie profonde. Le Pape ne nous a-t-il pas renouvelées dans notre vocation et, avec sa bénédiction, donné courage pour continuer à avancer dans l’espérance ?

Puissent les chrétiens du Pays, que le Pape est venu rencontrer, recevoir la même grâce et dire : ’Cela vaut la peine de rester sur cette Terre Sainte !’